Datation de 2 échantillons de bois prélevés dans la tourbière de Valmeinier

Compréhension du résultat

L'appellation BP signifie "Before present" et correspond à l'année 1950, date de la première datation par Willard Frank Libby.

Par conséquent, le 1ier échantillon date de 3520 ans avant 1950 => 1570 ans avant JC. Le 2ième échantillon date de 3760 ans avant 1950 => 1810 ans avant JC

Leur croissance s'est donc déroulée pendant l'âge de Bronze.

Principe de la datation

Le carbone 14 est un isotope radioactif du carbone. Sa période radioactive, temps au bout duquel la moitié de ces atomes s’est désintégrée en azote 14, est de 5 730 ans. Se formant dans la haute atmosphère de la Terre, il existe 1 atome de carbone 14 pour 1 000 milliards de carbone 12 (isotope non radioactif). Comme tout isotope du carbone, le carbone 14 se combine avec l’oxygène de notre atmosphère pour former alors du CO2 (dioxyde de carbone). Ce CO2 est assimilé par les organismes vivants tout au long de leur vie : respiration, alimentation… En mourant, ils n’en assimilent plus. La quantité de carbone 14 assimilé diminue alors au cours du temps de façon exponentielle tandis que celle de carbone 12 reste constante.

La datation repose sur la comparaison du rapport entre les quantités de carbone 12 et de carbone 14 contenues dans un échantillon avec celui d’un échantillon standard de référence. On déduit de cette comparaison « l’âge carbone 14 » de l’échantillon qu’on cherche à dater. Cet « âge carbone 14 » est ensuite traduit en âge réel (ou « âge calendaire »), en le comparant à une courbe-étalon, réalisée par les chercheurs à force de nombreuses mesures complémentaires. On peut ainsi en déduire l'âge de l’objet étudié et remonter jusqu'à 50 000 ans environ (au-delà, la technique n’est pas assez précise).

Age de Bronze

L'âge du bronze est une étape importante de l'évolution des sociétés de la zone tempérée de l'Ancien Monde, depuis la Chine jusqu'aux îles Britanniques, depuis la Scandinavie jusqu'en Égypte. Du fait de ses propriétés (facilité de fusion et de moulage, dureté, résistance mécanique, sonorité, couleur proche de celle de l'or ou de l'argent selon la teneur en étain), le bronze permet de fabriquer une grande variété de parures, d'outils, d'ustensiles et d'armes. Il constitue, avec l'or et l'argent, une richesse qui contribue à la création des premiers grands États de l'histoire : Mésopotamie (Sumer), Égypte pharaonique, Méditerranée (périodes minoenne et mycénienne), Chine (dynastie Shang). Dans les régions sans écriture qui n'entrent pas encore dans l'histoire, certains groupes possèdent aussi une civilisation assez brillante, comme celle des princes du Wessex et de l'Armorique (première moitié du IIe millénaire), celle des tumuli contemporains d'Europe centrale, et, vers 1000, la civilisation du bronze atlantique, celle des tourbières de Scandinavie ou celle des palafittes de Suisse et de Savoie.

Événements climatiques

Une équipe de glaciologues américains, conduite par Lonnie Thompson1 a effectué en 2000 des prélèvements de carottes de glace dans la calotte du Kilimandjaro. Ces carottes concernent toutes la zone tropicale de notre planète. Une autre équipe de géoarchéologues conduite par Fekri Hassan2 a effectué des prélèvements dans la vase d’un lac égyptien situé non loin du Caire (lac Moéris). Ces deux équipes, indépendamment l’une de l’autre, ont pu mettre en évidence une sécheresse particulièrement importante qui se serait produite vers 2200 ans avant notre ère (4200 ans Before Present.) Ces prélèvements ont permis les constatations suivantes :  Les carottes de glace du Kilimandjaro3 comportent une couche indiquant que de la poussière saharienne (essentiellement du sable) s’était déposée il y a 4200 ans au sommet de cet ancien volcan. Rappelons à cette occasion qu’avant l’époque dont il est question ici, le Sahara était humide, vert et habité. Les carottes de sédiments du lac Moéris4 (qui permettent de remonter à 10 000 ans avant notre ère), comportent une couche de gypse mélangée à de l’oxyde de fer rouge datée d’il y a 4200 ans. Sachant qu’un tel oxyde ne peut précipiter que dans des eaux peu profondes et riches en oxygène, cette découverte semble corroborer les analyses des glaces du Kilimandjaro évoquant une chaleur subite.

Un événement climatique important se serait donc produit il  y a 4200 ans : un épisode de sécheresse particulièrement intense. Le plus étonnant reste que, selon les indications données par ces carottages, cette sécheresse pourrait s’être développée en l’espace de 20 ans, ce qui est très bref.

Par ailleurs, des carottages ont aussi été réalisés dans l’Himalaya et dans les glaces du sommet des Andes, le mont Huascaris (Pérou), qui montrent une couche, datée de la même époque, composée de sédiments qui seraient aussi des preuves d’une sécheresse importante dans la zone tropicale de notre globe.

Les deux équipes de chercheurs impliqués dans ces mesures, pensent qu’il s’agirait d’un seul et même événement climatique majeur.

Reconstruction de la température au cours de la période de l’Holocène.

Par la suite,
2200-1800 av. J.-C. : augmentation soudaine de l'aridité au niveau mondial avec des variations régionales.
1500 à 1000 av. J.-C. : petit optimum climatique de l'âge du Bronze

Les études paléoenvironnementales révèlent pour l’âge du Bronze de fortes variations de la couverture arborée et des variations climatiques de faible amplitude dans la dynamique des versants, des cours d’eau, des spectres anthracologiques et malacologiques. Cette période est encadrée par deux crises érosives de la transition Néolithique final/Bronze ancien et Bronze final/Fer. Dans la grotte du Gardon a été relevée une bonne correspondance de l’enregistrement sédimentaire par rapport à celui du milieu lacustre, mise en parallèle avec la courbe – climatique – de fréquence du radiocarbone résiduel au cours des temps, sans qu’il soit donné de considérer que les oscillations enregistrées puissent piloter la dynamique d’occupation (Sordoillet, Voruz à paraître). La confrontation des dynamiques environnementales et culturelles testée dans le bassin de Montélimar (Berger et al. 2000) indique des cycles et des temporalités propres aux sociétés, aux écosystèmes et au climat, mais aussi une corrélation entre ces trois composantes pendant le Bronze ancien et moyen, au cours duquel une déprise humaine marquée s’accompagne d’une reconquête des terroirs agricoles par la forêt et d’une longue période de stabilité des paysages qui offrent un aspect en mosaïque où alternent différents biotopes. Des analyses plus localisées révèlent des faits comparables : mise en place d’un pédosol post-Néolithique dans l’Hérault à Lattes Port-Ariane (travaux C. Jorda) fermeture du milieu au Bronze ancien à Goult en Vaucluse (travaux S. Martin et F. Magnin) crises rhexistasique après le Bronze final à Lambesc, Bouches-du-Rhône (Boissinot, Cordier, Marrou 1998)… Les études paléoenvironnementales indiquent qu’au cours du Bronze final l’homme a semble-t-il profité d’un contexte pédoclimatique favorable à l’assèchement des sols et à l’abaissement du niveau des nappes pour réduire la forêt qui s’était étendue au cours de la première partie de l’âge du Bronze et coloniser ainsi les sols riches, légers et faciles à travailler des très basses plaines alluviales (Berger et al. 2000). Les liens de causalité demandent cependant à être mieux assurés, notamment pour ce qui concerne les relations entre mobilité, origine et nature des groupes culturels d’une part, évolution des paysages d’autre part.

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